Les tresses de l’existence

 

 

 

 

Témoignages d’Ève de Poitiers (1999-2003),
recueillis par Raymond Lumley et revus par leur auteure

 

 

 

 

 

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Eingana

 

 

I

Le fil de l’identité personnelle

 

 

 

« Dans le Temps du Rêve résident de nombreux Esprits, aux personnalités suffisamment différenciés pour qu’on les considère comme indépendantes les unes des autres. Au cours des ères cosmiques cependant, chaque Esprit, tout en demeurant lui-même, connaît bien des métamorphoses. Comment dans de telles conditions une pensée singulière peut-elle s’attribuer, à elle-même en tant qu’essence, ces manifestations spirituelles hétérogènes ? Qu’est-ce qui lui permet d’affirmer, alors même qu’il considère comme lui étant intrinsèquement étranger tel fragment de destinée en tout point similaire, que celles dont il a lui-même fait l’expérience lui appartiennent en propre ? Si deux purs esprits partagent le même aspect de personnalité, ne deviennent-ils pas, de ce point de vue, un seul et même esprit ?

« Nous étions de plus certaines qu’Irma était d’une certaine façon incluse (sans toutefois pénétrer toutes ses pensées) dans la personnalité d’Eingana, tandis que de son côté mon esprit plongeait dans celui d’Anjea, et que c’est parce que nous participions de la dualité propre à ces Esprits tutélaires qui nous étions nous-mêmes, malgré notre origine, des personnes différentes.

« Mais comment pouvions nous comprendre en revanche qu’Eingana et Anjea puissent devenir, dans un cycle particulier de leur existence duelle, l’esprit substantiellement unique nommé EingAnjea = AnjeiNgana ? Et comment peut-il se faire que, dans Merriblinte, l’entité démiurgique dyadique que fut MyndieBidju se soit scindée en Myndie le serpent arc-en-ciel d’une part, Bidju le planeur sucre d’autre part ? — Il est vrai qu’à ce moment du mythe, Myndie avait été précipitée dans Korweinguboora [le Coassement de la grenouille], tandis que Bidju restait sur Nyol-Blintebrewit [le Rocher des étoiles] ; pour qu’une telle séparation fût possible cependant, encore était-il nécessaire que MyndieBidju ait dès le départ été capable de subir un tel processus de scissiparité, ait été d’abord deux en un avant de devenir deux.

« Qu’est-ce qui en d’autres termes fait qu’un esprit conscient conserve son identité à travers des métamorphoses pour le moins radicales, tandis qu’il se montre capable de se fondre, en d’autres circonstances, dans une entité spirituelle plus vaste, et en d’autres circonstances encore, de donner naissance à une pluralité d’entités spirituelles indépendantes ?

« Ou bien encore : Qu’est-ce qui permet de rapporter un faisceau d’existences vicariantes, simultanées ou successives, à un seul et même être, tandis que d’autres faisceaux d’existences, à peine discernables des précédents, sont attribués à une multiplicité d’entités indépendantes ?

« Le point de vue de l’expérience subjective ne constitue pas ici une réponse suffisante, puisque faire appel à elle présuppose qu’on puisse se fier au contenu et à l’authenticité exclusive de sa mémoire, alors qu’on n’a aucun accès direct à celle des autres. Nous savons tous que ce que nous appelons notre moi le plus intime est constitué d’un incertain mélange de réminiscences et de fantasmes, de souvenirs et d’imaginations, tandis que les traits les plus importants de notre personnalité n’affleurent jamais à notre conscience. Et que savons nous de la personnalité de nos plus proches amis ?

« Qu’est-ce qui garantit pour finir la continuité d’un existant mental lorsque nous constatons qu’il passe (qu’il semble passer) d’un avatar à l’autre, ou lorsqu’il résulte (ou semble résulter) de la fusion d’une pluralité de personnalités distinctes ? Nous avons longuement, Irma et moi, débattu de cette question, car nous désirions comprendre pourquoi Irma s’identifiait, dans chacune de nos vies parallèles sauf une, à Eingana, tandis que je m’identifiais constamment pour ma part à Anjea ; et qu’en une seule et unique circonstance, celle qui s’accompagna de la disparition d’Irma dans le dédale de Hanging Rock, nous fûmes fusionnellement toutes deux EingAnjea = AnjeiNgana.

« Et dans un autre direction de la pensée, nous nous demandions pourquoi Irma ne s’identifiait jamais totalement à Renée Vivien, qui pourtant dépendait elle aussi d’Eingana ; et que je ne m’identifiais jamais pour ma part à Natalie Barney, qui dépendait pourtant elle aussi d’Anjea. »

 

 

 

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Emblème inutilisé pour : EingAnjea — Danse des mortes au point du jour

 

 

 

« Nous avons tout d’abord cru que l’identité d’un esprit était directement liée à l’étendue et au contenu de sa mémoire personnelle totale, consciente et inconsciente.

« Celle-ci apparemment est minimale chez les éphémères, qui n’ont libre accès qu’à leur personnalité corporelle présente ; ainsi leur âme, si celle-ci se résume à leur mémoire consciente, se corromprait en même temps que leur corps. Elle est beaucoup plus vaste chez les Rêveurs, qui se souviennent d’un certain nombre au moins de leurs existences parallèles. Aussi, de même que les éphémères s’identifient, dans leur unique existence terrestre, à leur apparence physique remémorée sans toujours tenir compte de la manière dont l’âge affecte leurs traits, l’être des Voyageurs embrasserait-il les diverses aventures de leurs linéaments physiques successifs, et leur âme coïnciderait avec l’ensemble des destinées auxquelles ils auraient eu accès.

« Mais c’est alors surtout chez les Rêveurs que la notion de personne irait en s’enrichissant et en se diversifiant, allant même jusqu’à se dissoudre en une constellation de personnalités totalement différentes. Ils seraient ainsi analogues aux Esprits tutélaires, qui étendent leur être à un ensemble de personnes, et deviendraient des êtres en quelque manière collectifs, tout en demeurant des individus singuliers. Et leur individualité ne se trouverait plus définie par une conscience indécomposable mais un complexe d’instances distinctes, sans qu’il y ait toutefois, chez les Rêveurs, inégalité du rapport qui unit l’Esprit tutélaire, en tant que protecteur, à ses différents protégés.

« La différence entre Voyageurs et Rêveurs est d’autre part que les Voyageurs, lorsqu’ils se translatent sans solution de continuité du Temps du Rêve au monde qui scrute et inversement, préservent l’intégrité de leur esprit. Leur mémoire en d’autres termes ne comporte aucun “trou”, ne s’enrichit d’aucune détermination spirituelle nouvelle ; tout se passe comme si leur identité physique et mentale était simplement délocalisée d’un repère spatio-temporel à un autre. Ce n’est pas le cas des Rêveurs, qui peuvent, lorsqu’ils se reconnaissent en songe, s’observer eux-mêmes comme s’ils étaient, en dehors de leur esprit, une image dans un miroir, comme s’ils étaient, eux-mêmes et leur sosie, objets réciproques de leurs perceptions dédoublées. Et le lien qui unit ces deux images, ces deux incarnations inversées d’un seul et même être, n’a rien à voir avec le sentiment d’être un soi unique. Il fallait alors obligatoirement là aussi faire appel à une mémoire profonde, globalement impersonnelle, capable d’établir (ou non) un lien d’identification entre chacun des moi, ou chacun des “sosies” qui apparaissent dans leurs songes[1].

« Et l’hypothèse de cette mémoire profonde permettait d’expliquer, nous sembla-t-il bientôt, que dans le cas où les éphémères connaîtraient des vies alternatives dont ils ne conserveraient aucune trace dans leur incarnation présente, il était possible de supposer que se maintiennent en eux des souvenirs inconscients allant de pair avec leur amnésie consciente[2]. »

 

 

 

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EingAnjea — Là-bas comme ici, premier emblème de la face 6

 

 

 

« La migration d’un Voyageur est un phénomène total, matériel aussi bien que mental, tandis que les Rêveurs persévèrent physiquement en un même lieu, leur esprit seul s’immergeant en un monde étranger où ils sont susceptibles se contempler eux-mêmes sous leur propre apparence corporelle[3]. Il n’en resta pas moins que, dans les deux cas, leur métamorphose enveloppe un dédoublement de l’être concerné — qu’il s’agisse de la réplication actuelle de son corps dans un monde parallèle ou de la multiplication de son apparence par l’intermédiaire du Temps du Rêve. Considérant cela, Irma fut pour finir d’avis que le facteur décisif dans la constitution de l’identité d’un être humain, qu’il soit Rêveur ou Voyageur, est de nature autant physique et corporelle que mentale et psychique, tandis qu’elle est psychique seulement pour les Esprits du Temps du Rêve.

« À l’en croire en effet, si l’identité du Voyageur demeure la même avant et après sa transmigration d’un monde à l’autre, c’est que la structure générale de son esprit aussi bien que de son corps se conservent à l’identique, bien que tous deux se trouvent successivement situés dans des environnements différents ; et c’est parce que les corps des Rêveurs, dans les vies alternatives qu’ils se remémorent, se présentent sous des aspects analogues qu’un même lien de parenté s’applique à leurs esprits. Autant dire que si les corps sont (approximativement) les “mêmes”, alors les personnalités spirituelles tendent à s’identifier aussi.

« Il faudra cependant postuler dans les deux cas qu’existe en chaque être humain un inconscient psychique profond, capable de servir d’intermédiaire entre le corps matériel extérieur — le corps physiologique intrinsèquement non pensant — et l’esprit différencié qui, à travers toutes les métamorphoses qu’il subit au cours des âges, préserve dans certains cas le sentiment et la conscience de son identité. Car seul un tel inconscient, qui se situe dans l’interface séparant le corps et l’esprit, est en mesure de penser, parce qu’il la réalise, l’analogie de structure qui fonde l’identité de toutes les variantes, simultanées ou successives, d’une même personne. »

 

 

 

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Emblème inutilisé pour : EingAnjea — Sur de plus vastes terres

 

 

 

II

Le cercle de l’alliance

 

 

 

« Il faut vous souvenir que, dans la symphonie du monde, les innombrables voix qui minutieusement se détachent du fond harmonique commun composent l’identité spirituelle des différents esprits dont elles en constituent tout à la fois la cause et le fondement. C’est pourquoi leurs chants individuels demeurent solidaires de l’harmonie universelle sans laquelle il n’existerait même pas. Et c’est grâce à cette harmonie sous-jacente que ces âmes mélodiques s’unissent au moment même où elles posent la singularité de leur être face à toutes les autres mélodies du monde. Certains de ces chants se rapprochent et pour finir fusionnent, ou au contraire se différencient et vont se séparant en une multiplicité de lignes mélodiques qui se font contrepoint.

« Si la symphonie est éternelle, aucune des voix qui à un instant donné la composent ne saurait indéfiniment subsister. Toutes ont pour origine absolue l’instant-lieu de leur émergence ; toutes ont pour destination l’instant-lieu de leur retour aux harmoniques primordiales du monde. Entre ces deux absences, qui ne sont pas des silences, qui ne sont pas des néants, ces voix tracent les méandres d’un écheveau différencié de refrains et de pensées tels que la ligne mélodique qui à chaque étape de leur développement définit leur être creuse dans le tissu de l’univers une succession de dissonances et d’accords dont la tension tôt ou tard les rend étrangères les unes aux autres.

« Aucun être singulier, s’il n’appartenait au tout, ne saurait se conserver soi-même ; et tant qu’il y parvient, c’est parce que sa complexité accueille des sujets indépendants, qui ne sont pas des êtres autonomes, des entités séparées, des monades souveraines, mais des fragments de mélodies, de menues dissonances, des ébauches d’accords. Car la nécessaire solidarité de tous les êtres pensants, loin d’uniformiser leurs chants, permet au contraire l’épanouissement différencié de toutes les voix du monde ; chacune modèle, tant qu’elle fredonne cette mélodie-ci et non celle-là, l’identité précaire au cœur de laquelle l’esprit solidairement repose.

« Les esprits s’altèrent sans cesse, se mêlent les uns aux autres et pour finir dépouillent leur identité personnelle, tandis que dans l’éternité des ères, partout et toujours présente l’harmonie chatoyante et unanime de l’univers demeure égale à elle-même. N’étant ainsi que relative à la symphonie du monde, l’identité de chaque personne s’avère nécessairement évanescente : elle existe seulement dans l’écart qu’elle instaure et d’instant en instant renouvelle face aux incessants murmures qui font le bruit de fond du ciel ; elle n’est que l’une des voix frêles qui dans la fugue infinie de la pensée — une pensée qui, peut-être, est la pensée même de Dieu — croise un temps la trame et brièvement colore la chaîne de l’être. »

 

 

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Emblème inutilisé pour : EingAnjea — Là-bas comme ici

 

 

 

« Notre temporalité s’oriente, dans le monde de l’éveil, selon un flux de pensées, de désirs et d’affects qui ne structure que les deux directions connexes du passé et de l’avenir. Bien que potentiellement illimité, ce temps unilinéaire semble s’évanouir dans un double néant, asymptotiquement situé dans les brumes d’un futur fondamentalement imprévisible et d’un jadis définitivement hors de portée. C’est pourquoi cette limite inaccessible au présent est pour les éphémères virtuellement intemporelle. On peut l’atteindre, ou plutôt la dépasser, par le truchement du Temps du Rêve, qui par sa saveur s’apparente à ce que, de notre point de vue séquentiel univoque, nous appellerions le temps de l’éternité.

« D’après ce qu’Irma m’a plusieurs fois expliqué (je ne suis pas sûre d’avoir bien compris ce qu’elle voulait me dire), cette éternité est, non pas un instant immobile, et encore moins une durée infinie, mais “une superposition de pérennités latentes qui fusionnent, in saecula saeculorum, dans l’éternelle virtualité de la toute présence absolue”. Et elle disait cela, latin compris, avec un sourire ironique, parce que le catholicisme de mon enfance française avait le don de l’émoustiller, tant les descriptions que je lui en avais fait lui avaient semblé dépaysantes — en fait, infiniment plus exotiques que les exubérances mythologiques que Ninggalobin lui distillait jadis dans ses rêves.

« Je crois que pour elle, le Temps de l’Esprit a la coloration fondamentale d’un “arc-en-ciel multidimensionnel”, qui ne comporte ni fil d’Ariane, ni flèche d’Élée, mais laisse coexister les aspects les plus disparates de la réalité panpsychique. Le monde s’y résout en puzzles d’événements, qui se prêtent à de multiples combinaisons, toutes différentes, et toutes “contemporaines”, qui sont des visions, des points du vue coordonnés, ou si vous préférez, autant de possibles interprétés. Et à titre d’englobant, l’éternité du Temps du Rêve assurerait une sorte de pérennité de la présence, seule capable d’unir les singularités initiale et terminale de chaque ère cosmique, scandant ainsi les inépuisables floraisons de la vie universelle.

« Car les termes contraires que sont la naissance et la sénescence, la semence et la décrépitude en elle se joignent. Et dans ce monde de quelque manière annulaire, chaque métamorphose du temps s’accompagne d’une réorganisation générale des affects, des instincts et des élans de tous les esprits qui, par leur origine, se rattachent, qu’ils le sachent ou non, au Temps du Rêve : Lorsque les Esprits, dans le Temps du Rêve, adoptent une nouvelle configuration, les êtres qui peuplent le monde qui scrute acquièrent par ricochet de nouvelles dispositions. Et toutes ces configurations, toutes ces dispositions éparpillées, parce qu’elles se répondent les unes les autres, président à l’épanouissement des âges successifs de la vie ; mais lorsqu’elles se trouvent en présence de l’éternité, elles coexistent selon l’ordre de la complétude vérace, de la juxtaposition harmonique. »

 

 

 

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Emblème inutilisé pour : EingAnjea — Danse des mortes au point du jour

 

 

 

« La temporalité du monde de l’éveil est la résultante collective de nos désirs et de nos interactions — apparemment désordonnées, mais en réalité parfaitement convergentes à un niveau plus profond. Le Temps du Rêve s’y manifeste aussi, sous la forme de ce que vous considérez comme des phénomènes psychiques illusoires, issus de l’imagination spontanée des seuls individus. Mais l’univers est un, et s’il n’y avait pas le Temps du Rêve, les instants de stase éternelle qui constituent le germe et le point d’orgue de tous les âges du monde, ne pourraient ni surgir ni faire à l’éternité. Ces singularités, parce qu’elles se conjoignent, parce qu’elles fusionnent l’une au cœur de l’autre, transforment l’apparente incohérence du devenir, non en une fatalité inéluctable, non en un aveugle destin, mais en une multitude de tentatives, en une exploration tâtonnante mais entêtée des labyrinthes du possible.

« Entre toutes ces “interfaces d’éternités latentes” qui scintillent au cœur du Temps du Rêve dans l’évidence de leur propre station, chaque temps d’éveil s’insère comme une période d’explicitation progressive qui voit le lot de tous les êtres qui y trouvent refuge se ramifier en séquences plurielles, en séries causales enchevêtrées.  Ces ébauches, ou plutôt ces infatigables variations, correspondent aux diverses configurations qu’adoptent collectivement, dans le Temps du Rêve, les Esprits démiurgiques et tutélaires. Et c’est grâce à de telles efflorescences que les existences que nous appelons nos vies parallèles sont en mesure de se conformer au rythme des saisons, au profil des siècles, aux visages des mondes.

« Pour les Voyageurs, pour les Rêveurs, ces vies oscillent du Temps du Rêve au monde qui scrute, et par ce mouvement creusent de leurs minutieux méandres une résille de fluances qui frayent un passage du monde de la matière à celui de l’esprit. Mais bien entendu, ce sont seulement les Esprits démiurgiques et tutélaires qui en dernière instance maintiennent ouverts les chemins qui conduisent du monde de l’esprit à celui de la matière. »

 

 

 

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Anjea

 

 

 

 


[1]. Il ne faut pas oublier cependant que l’apparente limitation dont les Voyageurs semblent ici pâtir, leurs manifestations “ici” et “là-bas” devant se succéder au lieu de se conjoindre, se trouve annulée du fait que tous les Voyageurs sont aussi des Rêveurs : ils doivent, avant de se transporter physiquement du Temps du Rêve au monde qui scrute, visualiser “comme dans un songe” le lieu où ils désirent se rendre.

[2]. Mais, nous ne savions pas, Irma et moi, s’ils eux aussi parcourent un cycle d’incarnations parallèles dans des ères différentes du grand cercle du temps.

[3]. Qu’ils communiquent ou non avec leur sosie, qui n’est pas toujours d’ailleurs leur porte-parole.