Harald Langstrøm
Il y a en tout, dans le manuscrit LaraDansil, dix-huit vignettes distinctes. Trois d’entre elles sont utilisées dans deux chapitres différents, et toutes figurent en au moins deux exemplaires.
Ces vignettes, outre leur fonction décorative, constituent une sorte de prosodie, ou de scansion qui, tout au long du manuscrit, rythme l’alternance/succession des textes et des images principales. Toutes vont par paires, et sont souvent répliquées selon une symétrie en miroir ; dans quelques cas, plusieurs couples de vignettes viennent s’insérer les uns dans les autres, ce qui, du point de vue de la prosodie, en fait des parenthèses enluminées.
Leur couleur dominante, bleu-vert ou jaune-orange selon les chapitres, s’accorde dans l’ensemble (mais dans l’ensemble seulement) à celles des images qu’elles sous-tendent.
1. Répertoire général des vignettes
Chapitre 1
entre les n°2 et n°3 — entre les n°3 et n°4 : Réplication exacte
entre les n°4 et n°5 — entre les n°5 et n°6 : Réplication exacte
Chapitre 2
entre les n°8 et n°9 — entre les n°9 et n°10 : Réplication exacte
entre les n°10 et n°11 — entre les n°11 et n°12 : Symétrie en miroir
Chapitre 3
entre les n°14 et n°15 — entre les n°15 et n°16 : Réplication exacte
(voir aussi au chapitre 7)
entre les n°16 et n°17 — entre les n°17 et n°18 : Réplication exacte
(voir aussi au chapitre 6)
Chapitre 4
entre les n°20 et n°21 — entre les n°25 et n°26 :
Symétrie en miroir avec une différence de taille, de teinte et de saturation
(voir aussi au chapitre 7)
Chapitre 5. Ces trois paires de vignettes sont insérées les unes dans les autres.
entre les n°28 et n°29 — entre les n°33 et n°34 : Réplication exacte
entre les n°29 et n°30 — entre les n°32 et n°33 : Réplication exacte
entre les n°30 et n°31 — entre les n°31 et n°32 : Réplication exacte
Chapitre 6. Ces deux paires sont insérées l’une dans l’autre.
entre les n°36 et n°37 — entre les n°43 et n°44 : Réplication exacte
entre les n°37 et n°38 — entre les n°42 et n°43 : Réplication exacte
(voir aussi au chapitre 3)
Chapitre 7
entre les n°46 et n°47 — entre les n°47 et n°48 : Réplication exacte
(voir aussi au chapitre 4)
entre les n°47 et n°48 (2) — entre les n°50 et n°51 (2) : Réplication exacte
(voir aussi au chapitre 3)
entre les n°50 et n°51 — entre les n°51 et n°52 : Réplication exacte
Chapitre 8. La première paire embrasse les deux autres, qui se suivent seulement.
entre les n°54 et n°55 — entre les n°59 et n°60 : Symétrie en miroir
entre les n°55 et n°56 — entre les n°56 et n°57 : Symétrie en miroir
entre les n°57 et n°58 — entre les n°58 et n°59 : Impossible à déterminer
Chapitre 9
entre les n°62 et n°63 — entre les n°65 et n°66 : Réplication exacte (même sens de giration)
Chapitre 10
entre les n°68 et n°69 — entre les n°69 et n°70 — entre les n°70 et n°71 — entre les n°71 et n°72 : Les trois premières tournent dans le sens rétrograde, la quatrième dans le sens direct.
Peut-être faut-il voir ici deux paires successives de vignettes identiques, la première étant de nature réplicante, et la seconde de nature symétrique. La seconde paire encadre une représentation de Hanging Rock, qui est un miza permettant de se rendre dans un espace-temps « en miroir » (énantiomorphe) par rapport au nôtre ; la première en revanche encadre la façade de Martingale Manor, où jamais la présence d’aucun miza n’a été observée.
Chapitre 11
entre les n°74 et n°75 — entre les n°75 et n°76 — entre les n°76 et n°77 — entre les n°77 et n°78 : Deux couples successifs en miroir
Les deux textes/images n°75 et 77, qui concernent les deux sœurs Waybourne, dont l’une est morte et l’autre a survécu en Énantia, sont encadrés par des couples de vignettes en miroir (leurs visages sont eux aussi en miroir).
L’image n° 76, qui selon Raymond Lumley représente le grand hall de Martingale Manor, où n’existe aucun miza, est en revanche encadré par deux vignettes réplicatives, en l’occurrence orientées dans le sens de rotation direct.
Ces vignettes sont particulièrement intéressantes en ce qui concerne leur contenu représentatif (ou plus exactement « expressif »), très proche des « cryptoglyphes » que l’on voit figurer dans Deux Mondes, le livre de poèmes d’Andrea Berndt-Wieland, et dans EingAnjea, le recueil d’emblèmes et de fragments où Irma Waybourne et Ève de Poitiers consignèrent les amorces de ce qu’elle appelaient leurs existences parallèles, — avec aussi d’ailleurs les différentes manifestations de ces « écritures rubanées » que Nael di Faella eut l’occasion d’observer longuement en Rem Érion, en particulier celle dont il a brièvement rendu compte dans la note intitulée : Hologramme 38 Sphère XII, District SW-bt 4 Répertoire Blanc V — ER isolé, et qui « traduit » le tout premier texte en transcript 1 du manuscrit LaraDansil. [Voir ci-dessus, dans Entrelacs, la note ajoutée en 2039 par Helena Stang.]
La nature signifiante de ces cryptoglyphes (proprement linguistique, ou plus largement métaphorique ?) n’est pas aisée à définir, d’autant que les vignettes du manuscrit LaraDansil, au même titre que les images représentant des Snoutobreξ, des paysages, des visages, etc., respectent un code de couleurs dont la nature conventionnelle ne saurait faire de doute, alors même qu’à la différence de ce qui se passe avec leurs équivalents dans Deux Mondes et EingAnjea, elles ne sont accompagnées d’aucune « traduction », d’aucune contrepartie en langue énantienne.





















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